?:abstract
|
-
Introduction Parmi les manifestations cutanées décrites durant l’épidémie à SARS-CoV-2, de très nombreuses observations de lésions à type de pseudo-engelures ont été rapportées, sans que le lien avec une infection à ce virus ait été formellement démontré. Matériel et méthodes Nous rapportons les observations colligées dans notre service chez les patients reçus de mars à avril 2020 pour des lésions de à type de pseudo-engelures, avec notamment l’étude de la réponse interféron chez ces patients. Résultats Quarante cinq patients (26 hommes, 19 femmes) nous ont été adressés, tous en bon état général, âgés de 30,1 ans en moyenne. Douze de ces patients (27 %) rapportaient des signes infectieux non spécifiques ayant précédé les symptômes, 15 (33 %) avaient eu un contact avec une personne atteinte de Covid-19. Tous présentaient des lésions erythémato-violacées des orteils (82 %), des doigts (5 %) ou des deux (13 %). Des symptômes fonctionnels à type de prurit précessif (51 %) et de douleurs (62 %) étaient rapportés. Des explorations complémentaires ont pu être réalisées chez 17 de ces patients, comprenant une RT-PCR nasopharyngée pour le SARS-CoV-2, toujours négative et un bilan biologique ne mettant en évidence ni lymphopénie, ni syndrome inflammatoire, ni stigmates d’autoimmunité ou cryoglobulinémie. Les D-dimères n’étaient jamais élevés. Les sérologies à la recherche d’IgG anti SARS-Cov-2 étaient négatives. Des biopsies cutanées ont été réalisées chez ces 17 patients et ont montré un aspect histologique d’engelures : hyperplasie épidermique avec parakératose, œdème sous-épidermique, infiltrat lymphocytaire dermique périvasculaire dense avec parfois micro-thromboses capillaires. L’immunofluorescence directe était positive dans 14 cas (82 %). Une PCR SARS-CoV-2 cutanée a été réalisée chez 11 patients, toujours négative. Nous avons mis en évidence une réponse interféron sanguine augmentée (3,6–19,6, N<2,3) chez 6/15 patients, soit 40 %. Discussion Ces données ne permettent pas de confirmer un lien direct entre SARS-CoV-2 et pseudo-engelures, mais un tel lien ne peut être formellement exclu. Plusieurs études ont mis en évidence l’existence d’une réponse interféron de type 1 altérée chez des patients avec COVID-19 très sévères. En jugulant la réplication virale, la réponse interféron élevée de nos patients pourrait expliquer ces tableaux avec absence de signes infectieux sévères et survenue de lésions à type de pseudo-engelures, comme cela peut s’observer dans le cadre d’interféronopathies type syndrome d’Aicardi-Gouttière ou SAVI.
|